Unlivre aux illustrations tendres et ludiques. L'enfant ferme les yeux des animaux de la forêt. Bébé tourne les pages, ferme les yeux de tous les animaux et leur dit « bonne nuit » pour se préparer à aller au dodo : Au dodo, petit hérisson. Au dodo, les écureuils. Au dodo, les hiboux.
Les Indiens Achuar montrent qu’une autre relation à la nature est possible. Pour l’anthropologue Philippe Descola, il est temps de penser un monde qui n’exclut pas l’eau, l’air, les animaux, les plantes… Il faut parfois partir, quitter son monde, pour mieux en cerner les contours. Il y a quarante ans, l'anthropologue Philippe Descola, aujourd'hui professeur au Collège de France, a laissé derrière lui Paris, la France et l'Europe pour une immersion de trois ans chez les Indiens Achuar, en Amazonie. L'aventure intellectuelle du jeune philosophe gauchiste faisait soudainement un pas de côté » elle allait conduire Descola dans les méandres d'une réflexion fascinante sur la façon dont les sociétés humaines conçoivent les relations entre humains et non-humains et composent » ainsi leurs mondes. Car il n'existe pas, malgré les apparences, un monde donné qui serait le même pour tous, mais des mondes, dont chaque être humain ou non humain, ou chaque collectivité, a une vision et un usage particuliers, liés à son histoire et à ses aptitudes physiques. Ces mondes se recoupent, se superposent ou se différencient. Etudier les principes de leur composition », c'est tout l'art de l'anthropologue ! Neuf ans après son chef-d'œuvre – Par-delà nature et culture –, Descola revient, dans un livre d'entretiens – La Composition des mondes –, sur le grand arc parcouru. Et jamais le pas de côté » initial n'a semblé aussi pertinent pour affronter les grands problèmes contemporains. Quand vous étiez jeune, aviez-vous déjà l’idée de cette diversité des mondes ?Non, elle m'est venue progressivement. Avant de partir sur le terrain, j'étais, comme beaucoup de jeunes de ma génération, un militant d'extrême gauche pour qui le problème immédiat était la révolution, pas la diversité des façons de vivre. Les questions écologiques étaient secondaires, voire réactionnaires », car elles détournaient du combat véritable la fin de la domination capitaliste. Pourtant, j'avais conscience qu'il existait des mondes différents du mien. C'est d'ailleurs ce qui m'a fait quitter la philosophie universitaire, qui, à mes yeux, se posait trop de questions sur elle-même et reprenait inlassablement les mêmes problèmes depuis l'Antiquité grecque. Il m'a tout d'un coup semblé préférable d'examiner comment certains peuples répondaient, dans leurs modes de vie, plutôt que dans un discours théorique, aux questions que nous nous posons tous. © James MORGAN/PANOS-REA “Depuis des millénaires, les Amérindiens modifient la composition de la forêt.” Quel rôle ont joué dans votre décision de partir les menaces qui pesaient sur l’environnement ?Dans les années 60 et 70, on ne parlait pas du tout du climat, de l'érosion ou de la biodiversité le nucléaire était le point de fixation des questions environnementales. Or, ce que je vais découvrir en Amazonie, c'est le processus de destruction des environnements que l'on qualifie de naturels »... mais qui sont en partie le produit d'actions humaines, comme l'ont montré mes travaux et ceux d'autres anthropologues. Depuis des millénaires, en effet, les Amérindiens modifient la composition de la forêt. Ils l'ont transformée en macro-jardin, en plantant un peu partout des espèces utiles aux humains. Du coup, lorsqu'ils déforestent, les grands propriétaires terriens dévastent l'Amazonie sur plusieurs plans ils anéantissent les conditions de vie des peuples locaux ; ils réduisent la biodiversité ; ils détruisent les sols privés du couvert forestier ce qui entraîne des conséquences en chaîne sur le climat local ; et ils mettent fin à un système de fabrication de l'environnement tout à fait original. Spécial Brésil “Les Indiens d'Amazonie vivent dans un monde qui leur a été volé”, Eduardo Viveiros de Castro Ce départ chez les Achuar, c’était aussi l’aventure...L'enquête ethnographique, c'est un saut dans l'inconnu, tellement excitant. Etre transporté dans un monde ou rien n'est familier – ni l'environnement, ni le langage, ni les techniques – est un privilège extraordinaire. On se dépouille de ses oripeaux, on endosse la vie des autres... J'ai rejoint une population qui avait longtemps refusé tout contact pacifique avec l'extérieur et n'avait croisé les premiers missionnaires que peu de temps avant mon arrivée les ethnologues arrivent toujours après les missionnaires !. Dans ce type d'enquête, on ne sait jamais pour combien de temps on part, on espère juste rester le plus longtemps possible, parce que c'est indispensable pour comprendre les gens qu'on va étudier. Moi, il m'a fallu trois ans, de 1976 à 1979. Qu’apportiez-vous dans vos bagages ?Nous – c'est-à-dire mon épouse et moi, car nous avons fait une grande partie de cette expérience en couple – avions avec nous une petite marmite et 2 kilos de riz, de quoi tenir trois jours une fois que notre guide nous aurait lâchés. Et quelques cadeaux des choses utiles, hameçons, cotonnades, fil à pêche... et des perles de verre. Des collègues amazonistes » – et Claude Lévi-Strauss lui-même – m'avaient averti que les perles remportaient un grand succès. Le premier contact effectué, nous nous sommes établis dans un village – où l'habitat était d'ailleurs très dispersé – avant d'élargir notre périmètre. Ce que j'ai d'abord considéré comme une croyance était en réalité une manière d'être au monde» dit Philippe Descola à propos de l'animisme des Achuar. © James MORGAN/PANOS-REA “Mon épouse et moi appartenions à une nouvelle catégorie’...” Qui étiez-vous, pour les Achuar ?Ils avaient très peu de contacts avec l'extérieur, n'avaient jamais voyagé, et ne possédaient évidemment pas de télévision. Les Blancs avec lesquels ils avaient eu à traiter étaient des militaires, des commerçants itinérants, ou bien des missionnaires. Mon épouse et moi appartenions à une nouvelle catégorie », et les Achuar ne savaient pas vraiment, au début, où nous ranger. Ils voyaient les Blancs comme des tribus analogues à la leur, mais disséminées dans la forêt, un peu plus loin que celles avec lesquelles ils avaient l'habitude d'échanger – ou de se battre. Ces tribus étaient caractérisées par leurs tenues et leurs coiffures, comme les militaires équatoriens en uniforme et les missionnaires américains en chemisette à manches courtes et jean. Comme nous portions les mêmes Pataugas, des sacs à dos de la même couleur et des Opinel identiques – tous achetés au Vieux Campeur, à Paris –, cela faisait de ma femme et moi les membres d'une même tribu aux yeux des Achuar... Avec le recul, je crois que nous avons été bien reçus par ces derniers parce que nous leur fournissions une distraction. Ils nous posaient plus de questions que nous ne leur en posions ! Comment définir l’animisme, qui, selon vous, caractérise la relation des Achuar avec la nature ?L'animisme est la propension à détecter chez les non-humains – animés ou non animés, c'est-à-dire les oiseaux comme les arbres – une présence, une âme » si vous voulez, qui permet dans certaines circonstances de communiquer avec eux. Pour les Achuar, les plantes, les animaux partagent avec nous une intériorité ». Il est donc possible de communiquer avec eux dans nos rêves ou par des incantations magiques qu'ils chantent mentalement toute la journée. A ceci s'ajoute que chaque catégorie d'être, dans l'animisme, compose son monde en fonction de ses dispositions corporelles un poisson n'aura pas le même genre de vie qu'un oiseau, un insecte ou un humain. C'est l'association de ces deux caractéristiques, intériorité » et dispositions naturelles », qui fondent l'animisme. Vous voilà fort éloigné de votre boîte à outils européenne...Chez nous, en effet, seuls les humains ont une intériorité, eux seuls ont la capacité de communiquer avec des symboles. En revanche, côté physique, tous les êtres – humains comme non humains – sont régis par des lois physiques universelles identiques nous habitons le même monde », les lois de la nature sont les mêmes pour tous, que l'on soit homme, insecte ou poisson. Entre les Achuar et moi s'exprimaient donc deux façons totalement différentes de considérer les continuités et discontinuités entre l'homme et son environnement. © James MORGAN/PANOS-REA “Les femmes Achuar traitent les plantes comme si c’étaient des enfants.” Quelles sont les conséquences concrètes de cette conception du monde pour les Achuar ?Les femmes Achuar traitent les plantes comme si c'étaient des enfants. Et les chasseurs traitent les animaux comme si c'étaient leurs beaux-frères. Dans cette société, ce ne sont pas les classes sociales ou les catégories de métiers qui distinguent les êtres entre eux, mais leurs liens de parenté, et plus précisément la distinction entre parents consanguins et parents par alliance. Les plantes sont traitées comme des consanguins des enfants, alors que les animaux chassés par les hommes sont des beaux-frères. Voir les Achuar traiter les plantes et les animaux comme des personnes m'a bouleversé ce que j'ai d'abord considéré comme une croyance était en réalité une manière d'être au monde, qui se combinait avec des savoir-faire techniques, agronomique, botanique, éthologique très élaborés. Parlez-nous de leur organisation...L'habitat est dispersé, donc il n'y a pas à proprement parler de village ». Il n'y a pas de chef, pas d'Etat, pas de spécialistes des rituels. Chacun est capable de parler avec les non-humains, il n'existe ni divinité, ni culte particulier. Ces groupes ne possèdent en fait aucun des organes permettant de structurer normalement » les sociétés. Qu'est-ce qui les fait donc tenir ensemble ? Leur lien avec la nature ! Le fait que leur vie sociale s'étend bien au-delà de la communauté des humains compense l'absence d'institutions sociales. A la rencontre d'un peuple d’Amazonie à la langue unique Quel était leur rapport au travail ?J'ai fait une enquête minutieuse sur ce que les Achuar mangeaient, et sur le temps qu'ils consacraient à chacune de leurs activités. Ils travaillaient environ trois heures par jour, et cela suffisait pour assurer une production remarquable, tant en quantité en calories qu'en qualité en terme d'équilibre alimentaire. On est bien au-delà des prescriptions de la FAO ! L'usage qu'ils faisaient de leur environnement est extrêmement efficace, et ce dernier, c'est vrai, est naturellement productif, avec son abondance de poisson, de gibier, d'insectes, auxquels s'ajoutent les plantes cultivées – entre quarante et cinquante espèces différentes. Mais leur façon de composer le monde n'est pas pour rien dans cet équilibre. Séparer l'homme et la nature, comme nous le faisons en Occident, a transformé cette nature en ressources », soumises au contrôle des hommes. Conséquence positive le monde devient un champ de phénomènes qu'on peut étudier, la science émerge. Mais la nature transformée en ressources » devient muette, inanimée », on peut l'utiliser comme bon nous semble, au détriment des autres espèces et, à terme, des humains. Dès le départ, les conditions sont donc réunies pour une dévastation de la planète. Philippe Descola à l'époque où il étudiait les Achuar, entre 1976 et 1979. Successeur de Claude Levi-Strauss, il est titulaire d'une chaire d'anthropologie de la nature au Collège de France. © DR “Une bonne politique écologique se pratique d’abord à l’échelle locale” Sur quels principes efficaces peut-on fonder une politique écologique ?Une bonne politique écologique se pratique d'abord à l'échelle locale – celle du quartier, du village, de collectivités qui décident de maîtriser la gestion des ressources communes, l'eau, l'air, l'énergie. C'est l'encouragement de ces politiques qui permettra d'aller vers un mieux vivre moins destructeur pour l'environnement. Reste que, jusqu'à maintenant, dans les rapports entre humains et non-humains, ce sont toujours les humains qui produisent les normes. Nous aurons accompli un grand pas le jour où nous donnerons des droits non plus seulement aux humains mais à des écosystèmes, c'est-à-dire à des collectifs incluant humains et non-humains, donc à des rapports et plus seulement à des êtres. Ce serait une révolution...Cela suppose en effet un bouleversement des concepts avec lesquels nous pensons la vie politique, la souveraineté, l'Etat, le territoire. Les humains font partie d'écosystèmes multiples, car la planète est partout anthropisée, et les relations qu'ils entretiennent avec chacun de ces milieux sont elles-mêmes multiples, certaines positives, d'autres destructrices. Donner un statut juridique à la dynamique d'un écosystème ferait que les humains ne posséderaient » plus la nature, ils seraient possédés par elle. La situation est devenue suffisamment dramatique pour qu'on lui prête un peu d'intérêt... Pour commencer, on pourrait enseigner l'écologie – la science des interactions entre les organismes dans un milieu – dans le secondaire, pour que chacun entrevoie les conséquences de ses actions sur l'environnement. Au fond, votre parcours, après vous avoir éloigné du militantisme de votre jeunesse, vous a ramené au cœur des enjeux politiques contemporains...J'en suis ravi, car ma génération était très marquée par l'engagement. Je suis resté longtemps frustré de ne pas pouvoir imaginer une alternative au système dans lequel nous vivons, qui me paraît inique à bien des égards. C'est en me rendant compte que la question des non-humains est une question politique au premier chef et qu'en introduisant les non-humains dans le collectif humain on peut modifier la façon dont nous pensons la politique dans son ensemble que j'ai modifié mon regard. J'entends déjà les rires On ne va tout de même pas faire siéger des singes au Parlement ? » Mais il ne s'agit pas de cela. Il nous faut simplement concevoir des collectifs dans lesquels les non-humains ne seraient plus exclus. Reconceptualiser le social et le politique est indispensable pour y parvenir. C'est un des projets dans lesquels je souhaite m'engager. Au final, ce pas de côté » auprès des Achuar vous a mené loin...On dit toujours la première vertu des philosophes, c'est leur capacité d'étonnement, et c'est vrai. Mais, pour s'étonner des évidences et sortir du sens commun, un gros travail sur soi est nécessaire. Mon expérience auprès des Achuar a eu ceci de miraculeux qu'elle a changé ma façon de composer » le monde – et finalement toute ma vie. A lire La Composition des mondes, de Philippe Descola, entretiens avec Pierre Charbonnier, éd. Flammarion, 384 p., 23 €. Par-delà nature et culture, de Philippe Descola, éd. Gallimard 2005, 640 p., 35,50 €. environnement anthropologie animaux Amazonie Partager Contribuer Sur le même thème
Cepetit Père Noël ne part pas faire sa tournée chez les enfants mais dans la forêt. C'est le Père Noël des animaux. Un jour, il reçoit un sac rempli de lettres de mécontentement : les animaux de la ville veulent fêter Noël eux aussi. Le petit Père Noël voudrait bien, au contraire, mais comment transporter des cadeaux jusqu'à la ville sans rennes pour tirer le traîneau ? Il va
Mes élèves ont enfin eu 10 étoiles de classe ! Nous avons voté pour le super joker et à l’unanimité, ils ont décidé de participer à un Escape Game ! Je dois dire que je suis ravie car pour avoir déjà participé à un vrai Escape Game, j’adore le principe et ce genre d’activité. Ni une, ni deux, voici donc l’Escape Game que je proposerai lundi à mes élèves en espérant qu’aucun d’entre eux ne connaissent l’existence de ce blog haha. J’ai décidé de créer un Escape Game réutilisable dans n’importe quelle classe. Je proposerai le mien en scindant mes élèves en 3 équipes 1 par niveau, il y a donc 3 lots d’énigmes de difficultés croissantes. Rien ne vous empêche de ne jouer qu’avec un niveau d’énigmes ! Le scénario Un agent secret a écrit aux élèves pour leur transmettre un message et leur dévoiler un grand secret il existe une ligue de maîtresses et maîtres espions qui protègent les élèves du monde entier. Je fais partie de cette ligue secrète héhé ! En plus de les protéger, dans la plus grande discrétion, ils font ingurgiter aux élèves lors de la cantine une potion secrète contre les mauvaises notes ! Bon ce n’est pas toujours efficace hein !. Des bandits ont appris que la potion se trouvait dans notre école, cachée dans un coffre fermé à code et ils arrivent comme des fous pour dérober le coffre ! Les élèves ont 60 min pour trouver le code du coffre, prendre l’antidote et fuir !! Le déroulé de l’Escape Game Chacun de mes 3 niveaux jouera ensemble équipe bleue, verte, jaune. A l’issue de la recherche, chaque équipe découvrira un chiffre. La combinaison de ces 3 chiffres ouvrira le code ! Travail d’équipe ! Dans un premier temps, chaque équipe devra fouiller et trouver dans la classe 8 enveloppes de la couleur de son équipe. 5 seront des énigmes 2 seront des indices/aides pour résoudre les énigmes 1 sera une enveloppe vide pour le suspens ! Une fois les enveloppes trouvées, les élèves résolvent les énigmes une par une. A chaque solution trouvée, ils vont voir l’espion maitresse pour validation. Si c’est une bonne réponse, ils gagnent un morceau de puzzle. En cas d’erreur, la maîtresse les aiguillera sur la bonne réponse. Il y a 5 énigmes, mais le puzzle ne contient que 4 pièces. La dernière énigme leur fera gagner un “stylo à encre invisible”. En effet, après avoir reformé le puzzle, à l’aide du stylo invisible, ils découvriront le chiffre de la combinaison du code. Les énigmes J’ai mélangé tous les domaines et essayé d’utiliser des genres d’exercices déjà utilisés en classe le compte est bon, questionner le monde, temps de conjugaison … Pour résoudre certaines énigmes, les élèves auront besoin d’un outil qu’ils trouveront dans les enveloppes indices miroir, calque rouge... J’ai prévu une énigme sur tablette numérique un message en anglais à écouter. Si vous n’avez pas d’outil numérique vous pouvez toujours passer vous même le message ! La récompense Bien évidemment l’antidote n’existe pas… à mon grand regret. Pour voir qui sont les plus courageux, je mettrai peut-être une petite fiole de menthe à l’eau dans le coffre. On verra bien qui aura le courage de la boire ! Et puis, le coffre sera comblé par des bonbons et un goûter !! Le matériel nécessaire 3 cadenas 1 à code, 2 à clé un filtre rouge réalisable en coloriant au marqueur rouge un papier transparent un miroir des enveloppes des bonbons 3 coffres ou boites pouvant être cadenassées Les documents téléchargeables Enigmes Niveau 1 CE2 Enigmes Niveau 2 CM1 Enigmes Niveau 3 CM2 Fiche réponses Lettre de l’Agent secret Pièces des puzzles Chansonde Noël illustrée avec les gestes et images des animaux de la forêt. Moi, je la chante comme ça en classe avec mes élèves et on varie l'ordre des ani
Séances News Bandes-annonces Casting Critiques spectateurs Critiques presse VOD Bande-annonce Séances 1 Spectateurs 3,6 734 notes dont 136 critiques noter de voirRédiger ma critique Synopsis Pour la première fois, une forêt tropicale va naître sous nos yeux. De la première pousse à l’épanouissement des arbres géants, de la canopée en passant par le développement des liens cachés entre plantes et animaux, ce ne sont pas moins de sept siècles qui vont s’écouler sous nos yeux. Depuis des années, Luc Jacquet filme la nature, pour émouvoir et émerveiller les spectateurs à travers des histoires uniques et passionnantes. Sa rencontre avec le botaniste Francis Hallé a donné naissance à ce film patrimonial sur les ultimes grandes forêts primaires des tropiques, au confluent de la transmission, de la poésie et de la magie visuelle. "Il était une forêt" offre une plongée exceptionnelle dans ce monde sauvage resté dans son état originel, en parfait équilibre, où chaque organisme - du plus petit au plus grand – connecté à tous les autres, joue un rôle essentiel. Regarder ce film Il était une forêt - Combo Blu-ray + DVD Blu-ray Voir toutes les offres DVD BLU-RAY Séances Saint-Martin-en-Haut Bande-annonce 153 Interviews, making-of et extraits Dernières news Acteurs et actrices Casting complet et équipe technique Critiques Presse La Croix 20 Minutes Libération Première Télé 7 Jours TéléCinéObs Télérama Le Journal du Dimanche Le Parisien Les Fiches du Cinéma Positif Studio Ciné Live L'Express Le Monde Marianne Chaque magazine ou journal ayant son propre système de notation, toutes les notes attribuées sont remises au barême de AlloCiné, de 1 à 5 étoiles. Retrouvez plus d'infos sur notre page Revue de presse pour en savoir plus. 16 articles de presse Critiques Spectateurs Les arbres comme on les a jamais vus. Luc Jacquet déploie ici une machinerie extraordinaire caméra se frayant un chemin entre les branches, travelling vertigineux sur la canopée… Le résultat est plutôt bluffant. Ceci dit, "Il était une forêt" est avant tout un film pédagogique, construit sur 2 idées force. Une bonne s’appuyer sur la personnalité du botaniste Francis Hallé, l'inventeur du radeau des cimes, formidable passeur. ... Lire plus Remarquablement filmé, bien illustré, pas évident de garder les spectateurs captivés pendant la durée complète du documentaire, cependant, on y apprend pas mal de choses variées et intéressante sur la forêt et toutes ses astuces pour perpétuer sa voir - En préambule, je partage avec Francis HALLE sa vision du monde ; elle implique que l'homme et l'arbre sont égaux devant les forces de l'univers. J'ai aimé son livre Plaidoyerpourl'arbre ; et j'aime ce qu'a enfanté sa collaboration avec Luc Jacquet pour ce film. Nous sommes invités à plonger dans le monde de la forêt comme des témoins de cette vie secrète. L'intelligence des plantes, des insectes et des animaux nous est révélée avec ... Lire plus Absolument excellent. Quel régal et bouleversant à la fois. 136 Critiques Spectateurs Photos 33 Photos Secrets de tournage Il était une filmographie Luc Jacquet, spécialisé dans le documentaire animalier, réalise son troisième long métrage à connaître une exploitation au cinéma après La Marche de l'Empereur 2004 et Le Renard et l'enfant 2007 son premier long métrage de fiction. Avec Il était une forêt, il revient donc au documentaire. Sur la bonne voix Michel Papineschi, qui offre sa voix au film en tant que narrateur, est un comédien habitué au doublage de films, puisqu'il est notamment la voix officielle française de l'acteur américain Robin Williams. Il a également incarné plusieurs personnages animés dont John Smith dans Pocahontas 1995 ou Mortimer de la série Les Aventures de Blake et Mortimer 1997. Un botaniste en haut de l'affiche Le documentaire Il était une forêt, réalisé et scénarisé par Luc Jacquet, est basé sur une idée originale de Francis Hallé, botaniste de métier, qui devient donc le personnage principal de ce documentaire appuyé sur ses connaissances spécifiques du monde des forêts. La collaboration entre les deux hommes était essentielle, le second apportant son savoir sur les forêts au premier qui est plus spécialisé dans la réalisation de documentaires animal Lire plus 9 Secrets de tournage Infos techniques Nationalité France Distributeur The Walt Disney Company France Récompense 1 nomination Année de production 2012 Date de sortie DVD - Date de sortie Blu-ray 13/03/2014 Date de sortie VOD - Type de film Long-métrage Secrets de tournage 9 anecdotes Box Office France 290 024 entrées Budget - Langues Français Format production - Couleur Couleur Format audio - Format de projection - N° de Visa 133485 Commentaires
Sipar hasard, au fil d'une balade en forêt, vous apercevez un petit écureuil, un hérisson, un lapin, un renard, une majestueuse biche ou un cerf, chantez-lui sa comptine ! Voici donc toutes les comptines pour enfants sur le thème des animaux de Wishes Pack Birthday Pack Wedding Pack Father's day Pack Mother's day Pack Christmas Pack Whenever you feel like it Birth pack Saint-Valentin Wishes Pack To start off the year properly! Birthday Pack Buy as many trees as candles to celebrate this happy day! Wedding Pack For a love story that will last forever. Father's day Pack Ties are out of date! Mother's day Pack Flowers are so over the hill! Christmas Pack Plant trees under the Christmas tree! Whenever you feel like it To do good to the planet. Birth pack Celebrate life! Saint-Valentin Offer her/him a forest! Auronttous un petit cadeau. L’écureuil veut des noisettes (bis) Venez tous sous le sapin Le Père Noël viendra bien. Venez tous sous le sapin Le Père Noël viendra bien. Dans la forêt les
TravelsTHE MAGSign UpLoginJoin the CLUBChevreuse la belleSaint-Rémy-lès-Chevreuse, FRLoop trail of km - 4 h 30 of walking 81°F - Overcast cloudsAccessibilityThis hike is not recommended to person with a motor disabilityPath typeNaturalHike paths & trailsGravelGravelled roads, agricultural access roadYou'll seeViewpointForestRiver/StreamWildlifeFarmlifeHistorical monumentsCastleArtworkArchitectureChurch/CathedralCraftsmanShopsBar/RestaurantFieldsHamletWash HouseFacilitiesToiletsWater tapsPicnic tablesGoutez à cette nouvelle randonnée made in Helloways une boucle qui vous mène des bords de l'Yvette avec ses lavoirs à la forêt de Méridon, en passant par 3 châteaux canons, des petits villages de caractère et bien sûr, tous les plaisirs culinaires de Chevreuse. Arrêt obligatoire chez le dernier artisan siropier d'Ile-de-France l'Alchimiste. Vous ne résisterez pas à ces sirops orignaux, à boire froids ou chauds. On vous conseille aussi le pain noix et miel de la boulangerie uniquement le week-end il n'en restera plus avant d'arriver chez vous. L'itinéraire se révèle assez simple car il oscille entre larges sentiers et petites routes goudronnées. Bonne rando 🙂Find hostingRead hikers' reviewsSteps and markings100of the route is marked. That's pretty cool!Au départ de la gare de Saint-Rémy-lès-Chevreuses, allez à gauche, passez devant l'office de tourisme et au niveau du carrefour, empruntez le chemin qui longe la route en face de vous piste cyclable. Continuez tout droit sur ce sentier goudronné. Après 1 km, prenez la première route à après avoir traversé l’Yvette, empruntez le petit sentier à gauche qui la longe. Continuez ainsi sur le rivage puis au pont, traversez, dirigez-vous à gauche et prenez tout de suite à droite pour continuer de longer l’Yvette de l’autre côté. Restez sur ce sentier pendant 500 m toujours face à vous. Vous pourrez notamment admirer les nombreux lavoirs de Chevreuse. Vous récupérez le balisage Blanc et rouge un peu plus loin. Continuez ainsi de longer le canal jusqu’à rejoindre une route que vous prenez à all stepsTraversez l’Yvette puis tournez à gauche au rond-point. Une centaine de mètre plus loin, tournez à droite sur le chemin qui monte. Au croisement 200 m plus loin, continuez tout droit. Le chemin finit par entrer dans le Bois du Vossery. Poursuivez toujours face à vous pendant 800 m. Vous croisez une route que vous traversez pour continuer en face en direction du château de Méridon Prudence !. Environ 300 m plus loin, vous rejoignez un chemin que vous prenez en face, au niveau du château. Celui-ci tourne à droite puis vous prenez sur le premier chemin à gauche juste avant le bois. Continuez tout droit pendant 600 m puis, au bout, tournez à gauche puis la première à droite, droit dans le Bois de Méridon. 400 m plus loin, le chemin balisé blanc et rouge GR11 tourne à gauche quittez-le pour tourner à reviews68 reviewsBeauty of the landscapeEasy access to the startQuality of the markingsAccuracy of the guideCleanliness / MaintenanceSafety and securityAuthorLast update 23/08/2022Helloways est le point de départ de balades, randonnées et micro-aventures inoubliables en did this hike recentlyRecommended hikes around Saint-Rémy-lès-ChevreuseWe haven't finished making you travel

Pourtant de nuits de veille, surveillant ton sommeil. CADEAU. Pour les tours de manège, les jouets, le collège. CADEAU. Et quand on fait le tour, le total de mon amour, C'est CADEAU. Marie Laforêt. Quand il a eu fini de lire, il avait un gros chagrin dans les

Trente ans après la catastrophe nucléaire, de vastes territoires restent massivement contaminés autour du réacteur sinistré, dont le démantèlement demandera des décennies, peut-être des siècles. Des paysans ont pourtant choisi de retourner vivre dans la zone interdite. Reportage par Pierre Le Hir Photos Arthur Bondar pour le Monde A perte de vue, la forêt. Dense, épaisse, impénétrable. De part et d’autre du ruban de bitume creusé d’ornières, les pins, droits comme des gibets, et les bouleaux frissonnant de givre dressent une haie funèbre. Entre les ramures apparaissent çà et là, mangées par la broussaille, les ronces et les herbes folles, des maisons basses abandonnées, murs de briques éventrés, toits de tuiles défoncés, fenêtres béantes telles des orbites vides, volets aux couleurs délavées battant aux quatre vents. Une chouette effarouchée fuse sous les frondaisons, hésite, s’enfuit d’un vol oblique. En ce début de printemps, un linceul de neige recouvre le sous-bois, figé sous un soleil livide. Bienvenue dans la zone d’exclusion de Tchernobyl. Pour y entrer, il suffit de s’adresser à l’une des multiples agences qui se sont spécialisées dans le tourisme de l’effroi, du macabre, du morbide, dont on ne sait s’il procède du voyeurisme ou de la fascination. Vivez l’expérience ultime qui sera gravée dans votre mémoire pour toujours, visitez les endroits qui vous donnent la chair de poule, tombez amoureux de Tchernobyl », propose l’un de ces voyagistes, dont le site Internet, estampillé d’un masque à gaz, se décline en rouge et noir. Feu et cendres, sang et larmes. Les consignes sont réduites ne pas manger ou fumer en plein air, ne pas boire d’eau de puits ni de rivière, ne pas s’asseoir à terre ni toucher la végétation, ne rien introduire dans la zone et n’en rien rapporter. La destination fait recette. En 2015, 15 000 aventuriers » sont venus ici, du monde entier, étancher leur soif de sensations fortes. Les terres environnantes restent gorgées de radioactivité A 3 km de la centrale atomique, un poste de contrôle garde l'entrée de la ville de Pripiat... ... vidée de ses 49 000 habitants après l'accident et transformée en citée fantôme 26 avril 1986, 1 h 23 du matin L’affluence devrait être à son comble cette année, pour le trentième anniversaire de l’accident de Tchernobyl, le plus grave de l’histoire du nucléaire avec celui survenu à Fukushima, au Japon, un quart de siècle plus tard. Le 26 avril 1986 à 1 h 23 du matin, à la suite d’erreurs de pilotage durant un essai, le réacteur n° 4 de la centrale Lénine, située à une quinzaine de kilomètres de la ville de Tchernobyl, explosait. La déflagration propulsait dans l’atmosphère un panache de particules radioactives qui, dix jours durant, allaient se répandre sur l’Ukraine, la Russie et la Biélorussie, mais aussi une large partie de l’Europe. Dans les mois qui suivirent, 350 000 personnes furent déplacées, des dizaines de villages rasés, les décombres enterrés dans près d’un millier de tranchées. Trente ans après, plus de six millions de personnes vivent toujours dans des territoires durablement contaminés. Le césium 137, dont Tchernobyl a dispersé dans l’environnement près de mille fois la quantité relâchée par la bombe de Hiroshima, tout comme le strontium 90, n’auront disparu que dans trois siècles. Le plutonium 239, qui a empoisonné les alentours de la centrale et la ville de Pripiat, vidée de ses 49 000 habitants et transformée en cité fantôme, perdurera des centaines de milliers d’années. Deux zones d’exclusion ont été délimitées. L’une, de 10 km autour du complexe atomique, où accèdent les cinq mille ouvriers qui se relaient sur le site et pour lesquels a été bâtie la ville nouvelle de Slavoutitch, une cinquantaine de kilomètres plus à l’est. L’autre, de 30 km, livrée à la nature. Tracées sur les cartes en rouge et vert, les deux lignes, qui sinuent entre les taches de radioactivité, n’ont en réalité rien de circulaire et poussent, au plus large, jusqu’à une cinquantaine de kilomètres de la centrale. De Kiev, deux heures de route conduisent au premier check-point de la zone interdite, celui des 30 km, défendus par des barbelés. Des policiers en treillis vérifient les passeports et les laissez-passer délivrés par le ministère des affaires intérieures. Aux 10 km, nouveau barrage, nouveau contrôle. Rendez-vous a été pris avec des chercheurs de l’Institut ukrainien de radioécologie agricole. Un chemin de terre mène à leur laboratoire, un baraquement dissimulé au cœur de l’ancienne forêt rousse. Cette immense pinède avait été brûlée, comme au chalumeau, par le nuage radioactif. Les arbres ont été arrachés au bulldozer, enfouis par trois mètres sous terre avec leur litière, puis le terrain replanté de jeunes pousses. Mais la radioactivité est toujours là, disséminée dans l’humus et la végétation. Dans la zone d’exclusion Les arbres actuels sont beaucoup plus contaminés que les anciens peuplements, constate même le chef de l’équipe, Valery Kasparov, un robuste gaillard aux allures d’ours mal léché. Après l’accident, c’est leur feuillage qui avait absorbé les produits radioactifs en suspension dans l’air. Maintenant, ils les pompent dans le sol par leurs racines. » Son compteur Geiger crépite les pins sur pied sont jusqu’à dix fois plus gorgés de strontium que les fûts enterrés. Des troncs sont tordus, des branches vrillées. La plupart des nouveaux conifères semblent pourtant sains et vigoureux. Ils souffrent en réalité de malformations leur bourgeon apical – l’extrémité de la tige, au centre de quatre autres rameaux – est absent, comme une main amputée du majeur. Cette anomalie touche habituellement 5 % des arbres. Ici, 100 % en sont atteints, affirme le chercheur. Certains ont aussi des aiguilles plus longues que la normale, ou plus courtes, ou encore décolorées. » Le dosimètre affiche 7,5 microsieverts par heure, soixante fois plus qu’à l’entrée de la zone ou à Kiev. Un campeur qui planterait ici sa tente recevrait, en cinq jours, la dose annuelle maximale de radioactivité admise pour le public. Inutile de s’attarder. Dans la forêt, un monument veille sur les aux morts de la 2eme guerre mondiale Au coeur de l'ancienne forêt rousse, des chercheurs ukrainiens étudient la migration des radionucléides dans le sol et la végétation A deux kilomètres à vol d’oiseau se découpe dans le ciel, au raz des houppiers, une coupole de métal. L’arche géante qui doit venir coiffer le sarcophage de béton et d’acier construit après l’accident, à la hâte et dans des conditions héroïques, au-dessus du réacteur sinistré. Car celui-ci n’a éjecté, lors de l’explosion, qu’à peine 5 % de sa lave radioactive. Ses entrailles déchiquetées recèlent toujours 1 400 tonnes de magma, dont 190 tonnes d’uranium et de plutonium, détaille aux visiteurs la responsable de la centrale, Julia Marousitch, sur le ton d’une guide de musée. Ajoutant, à demi-rassurante Tout est fait pour minimiser le risque toujours existant. » A l'horizon, l'arche géante qui viendra protéger le réacteur accidenté. Un sarcophage pour cent ans La démesure de la nouvelle enceinte de confinement est à la mesure de la catastrophe 108 mètres de haut, 162 mètres de long, 257 mètres de portée, de quoi mettre sous cloche la statue de la Liberté. Construite par les groupes français Vinci et Bouygues, associés au sein du consortium Novarka, pour un coût de 1,5 milliard d’euros majoritairement financé par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement et par l’Union européenne, elle doit être glissée sur des rails au-dessus du vieux sarcophage à la fin de l’année 2016, pour être opérationnelle fin 2017. Avec deux ans de retard sur le calendrier. Alors pourra enfin commencer la déconstruction du réacteur, à l’abri d’une voûte inoxydable conçue pour résister cent ans au froid, au chaud, aux tornades ou aux séismes. Combien de temps prendra le démantèlement ? Un siècle ? Deux siècles ? Nul ne peut le dire aujourd’hui », confie Sergei Bozhko, le président de l’Autorité de sûreté nucléaire ukrainienne, qui, depuis son bureau de Kiev, veille aussi sur les quatre autres centrales atomiques du pays. A terme, pense-t-il, les déchets de leurs quinze réacteurs seront centralisés dans la zone de Tchernobyl, vouée à devenir un gigantesque cimetière radioactif. C’est ainsi que la jeune ministre de l’écologie et des ressources naturelles, Hanna Vronska, voit elle aussi l’avenir. Les hommes ne pourront jamais retourner vivre ni travailler dans la zone des 10 km, dit-elle. La seule solution est d’y mettre tous les déchets nucléaires. » Pour autant, assure-t-elle, Tchernobyl a un futur ». Elle propose de développer l’énergie solaire » dans le premier cercle. Et de créer, dans la bande de 20 km comprise entre les lignes rouge et verte, une réserve de biosphère », afin de préserver et d’étudier un écosystème unique », où la nature a repris ses droits. La nouvelle enceinte au fond sera poussée au-dessus du réacteur au premier plan à la fin de l'année Dans ces alvéoles seront entreposés, pour cent ans, les combustibles usés du site atomique Haute de 108 mètres, avec une portée de 257 mètres, l'arche est conçue pour durer un siècle Des anomalies plus fréquentes Libérée de l’emprise humaine, la zone a été reconquise par la faune sauvage. On ne la voit pas. Mais on la devine à des signes furtifs l’empreinte d’un carnassier dans la neige fraîche, la flèche d’un rapace sous la futaie. Les naturalistes y signalent des meutes de loups et des hardes de sangliers, des cerfs et des chevreuils, des bisons, élans, lynx, renards, castors, loutres, aigles ou faucons. Un ours de belle envergure a même été repéré. A la fin des années 1990, deux douzaines de chevaux de Przewalski ont été introduits, qui se sont reproduits sans entraves. Selon certains scientifiques, qui se fondent sur des inventaires réalisés depuis un hélicoptère, les grands mammifères seraient même plus nombreux aujourd’hui qu’avant l’accident. Ce comptage ne dit rien, toutefois, de l’état de santé des animaux ni de leurs possibles malformations, les spécimens déviants étant les premiers éliminés par leurs prédateurs. Anders Pape Moller, écologue évolutionniste au CNRS, a mené des études assidues sur le terrain. Il est formel Le niveau de contamination des sols est très hétérogène et, là où il est le plus élevé, l’abondance, la diversité et le taux de reproduction des populations sont plus faibles, les anomalies et les tumeurs, plus fréquentes. Tous les résultats vont dans le même sens. » Bêtes et plantes, décimées dans les semaines qui ont suivi l’explosion, n’ont pas fini de payer leur tribut. Les hommes, eux, n’ont pas totalement déserté la zone interdite. Comme si, même ici, la vie était la plus forte. Des paysans, accrochés à leur terre, sont rentrés au village après leur exil forcé. Combien sont aujourd’hui ces revenants, résidents illégaux mais tolérés par les autorités, appelés Samosely ? Un peu moins de deux cents dans la partie ukrainienne – la zone d’exclusion s’étend aussi sur le territoire biélorusse –, tous au seuil de leur vie. Ils sont des survivants, rescapés du désastre et de l’exode. Avec eux disparaîtra la mémoire des gens de Tchernobyl. Ivan, 86 ans, a choisi de retourner vivre en autarcie dans la zone d'exclusion... Ivan avec sa femme Mariana, d'un an sa cadette Des portraits de famille jaunis, seuls souvenirs de la vie d'avant la catastrophe C’était un départ pour toujours » Pour les rencontrer, il faut s’enfoncer plus avant dans la forêt. Traverser des hameaux oubliés par le temps, peuplés d’absences et de silences. Toquer à la porte d’une masure au toit de tôle ondulée, où vous accueille une volée de poules grattant la terre noire. Voici Ivan, 86 ans, chapka de guingois sur le crâne, le corps ratatiné dans une pelisse trop lourde, et son épouse, Mariana, d’un an sa cadette, le visage emmailloté d’un foulard vert prune, le regard lointain. Leurs maigres biens remplissent le logis exigu, quelques frusques entassées sur le sol ou pendues à un fil, des gamelles de fer-blanc remplies de pommes de terre, de haricots secs ou de tubercules indéfinissables. Autrefois, raconte Ivan, j’avais une grande ferme, des porcs, des volailles. Le lendemain de l’accident, des militaires sont venus nous chercher avec des camions pour nous évacuer. J’étais dans mon champ. Ils nous ont dit de ne pas paniquer, il n’y avait pas de danger, nous ne devions rien emporter, nous serions revenus dans trois jours. En réalité, c’était un départ pour toujours. » Deux ans plus tard, le gouvernement a autorisé 140 familles à revenir, d’autres ont essuyé un refus, personne n’a su pourquoi. Le couple a retrouvé sa ferme, un noyau de village s’est reformé, mais les jeunes ont préféré travailler à la ville, à Kiev ou dans les environs. Les années ont passé, indifférentes à l’effondrement du bloc soviétique. Ivan et Mariana sont aujourd’hui, avec trois vieilles babouchkas pour voisines, les derniers habitants. Ils vivent de peu de chose, les légumes du potager, quelques pommes, les champignons des bois, une perche ou un poisson-chat pêché dans un étang alentour. La consommation de poisson, de gibier ou de baies sauvages est pourtant réprouvée, en raison de leur contamination. Deux fois par an, des experts viennent mesurer la radioactivité, rétorque le vieil homme. De toute façon, l’été dernier a été trop chaud et trop sec. La terre n’a rien donné.» Ils vivent, aussi, de leurs souvenirs Après l’accident, des soldats, des pompiers, des volontaires sont venus pour décontaminer la zone. Officiellement, il y a eu 600 000 liquidateurs. Mais, en fait, il y en a eu plus d’un million, peut-être davantage. Beaucoup de gens sont morts. » Alors, Ivan se serre, protecteur, contre sa compagne. Nous sommes heureux ici, dit-il. C’est notre village, notre maison. Nous y sommes nés. Nous voulons y mourir. » Des villages entiers ont été désertés, les maisons abandonnées Pourquoi irions-nous vivre à la ville ? » Plus loin encore dans la zone, voici Matriona, tabliers fleuris superposés sur des rondeurs épanouies, flanquée de Vassily, bonnet de laine enfoncé jusqu’aux oreilles, bouille joviale fendue d’un large sourire. La petite soixantaine, ils sont les benjamins de leur village. Les histoires se ressemblent. J’ai été évacuée le 4 mai, huit jours après l’accident, relate la matrone. Je suis revenue clandestinement, on m’a évacuée une deuxième fois, une troisième, pour finir on m’a dit “C’est bon !” Et je suis restée. » Elle exhibe le rectangle de carton rose, tamponné par le gouvernement, qui lui sert de sauf-conduit aux postes de contrôle. Le ménage jouit d’un certain confort, frigo, téléviseur, micro-ondes et smartphone. Des cadeaux de ma fille », explique la femme, en posant sur la table de la pièce commune un gros bocal de tomates rouges et vertes, du chou découpé en lamelles, des œufs tièdes, un pichet de whisky maison », une âpre liqueur de noix. Nous avons tout. Pourquoi irions-nous vivre à la ville ?, demande-t-elle. Là-bas, les gens sont pauvres, ils payent le gaz et toutes sortes de taxes. » Et puis, radioactivité ou pas, les gens d’ici vivent plus vieux que ceux qui ont été déplacés ». Vassily opine d’un grand rire en écartant les bras Voici mon royaume. Ici, je me sens libre. » Tous deux n’ont qu’une peur Etre un jour évacués de la zone d’exclusion. » La nuit tombe. Il faut ressortir des 30 km, en passant dans un antique détecteur de rayonnements qui vérifie que vous n’emportez pas de particules radioactives sous vos semelles. La zone se referme sur sa sourde menace, ses ombres fugitives, sa forêt où percent les premiers bourgeons. Vassily, 60 ans, et Matriona, 63 ans, sont revenus eux aussi dans la zone interdite. Ils veulent y finir leurs jours, dans leur maison, sur leurs champs, près d'une rivière poissonneuse CXjior. 440 111 202 442 316 138 112 145 117

dans la forĂŞt les animaux auront tous un petit cadeau